Sites à Découvrir
La Route des Thermes
Avec 4 stations toujours en activité, les Vosges occupent une situation de pointe dans le thermalisme contemporain. Résurgences d'eaux infiltrées enrichies par les milieux souterrains qu'elles ont traversés ou issues directement d'un sous-sol volcanique et jaillissant à haute température, certaines ont étendu leur réputation bien au-delà des limites de l'Europe. Contrexéville et Vittel, dans la plaine, appartiennent au premier cas de figure. La seconde a été créée durant l'occupation romaine. Après une mise en sommeil de plusieurs siècles, elle fut de nouveau exploitée à partir de 1854 et connaît depuis plus d'un siècle une vogue jamais entamée.
La cascade du Gué du Saut
En cet endroit, sur la commune de Xertigny, coule le ruisseau du Rechentreux, 4,6 km, qui se jette dans la Semouse en aval de la tréfilerie du Blanc Murger.
On retrouve la présence de ce lieu sur de nombreuses cartes anciennes :
- sur la carte de Cassini, sous la dénomination « le Gueux du Sceau »,
- sur les cartes IGN anciennes, on l’écrit le Gueu du Saut…
- dans une pièce de théâtre « Vive Chettenièye ! » écrite en 1911 par Léon DIDIER (revue locale en 2 actes et 15 tableaux), on peut lire et chanter, en page 14, sur des paroles de Robert DIDIER et l’air de « Belleville-Ménilmontant », le couplet IV :
"En remontant le ruisseau,
Nous irons au Gué du Saut,
Voir, en notre promenade,
La cascade."
Et sur la monographie des Villes et Villages de France – le département des Vosges de Léon LOUIS et Paul CHEVREUX parue en 1887 : « le Gué du Saut… : écart de la commune de Xertigny 49 hts, 8 maisons. Cascade de 5 m de haut. Nappe d’eau entièrement transparente dans une gorge profonde et pittoresque ».
Pour s’y rendre, depuis le centre de Xertigny, continuer sur la RD 434, puis à la sortie emprunter à gauche la D12. Le parcours est bien fléché.
L'oratoire de la Vierge des Neiges
Situé sur le secteur des Granges Richard, l’oratoire de la Vierge des Neiges a été construit en 1863. Il est constitué d’un bloc de pierre (à l’intérieur duquel se trouve une statue de la Vierge), dominé par une croix. Une inscription en partie effacée est également gravée sur l’oratoire, dont l’origine est sujette à légendes.
Selon certains, cet édifice aurait été érigé après qu’un homme se soit égaré dans le secteur au cours d’une tempête de neige. Ayant imploré la Vierge et retrouvé le bon chemin, il aurait fait élever l’oratoire. Mais il est également possible que cet édifice résulte de la piété d’un habitant des Granges Richard, nommé Colle, en souvenir de deux enfants victimes d’une épidémie.
Le 4 février 2001, le conseil municipal a décidé l’acquisition de la Vierge des Neiges pour un montant de 50 000 francs. Par ailleurs, il a accepté le versement d’un don de 15 000 F par l’association La Bienfaisante, présidée par le Père Henry, curé de Xertigny, en vue de cette acquisition.
Eglise Ste Walburge
L'Église de Xertigny est un emblème incontournable du patrimoine communal. Elle fut le témoin et parfois la victime des nombreux événements qui ont marqué l'histoire de notre région et du pays. La légende dit que quand Sainte Walburge s'arrêta dans la commune lors de son périple qui la menait en Allemagne, filant sa quenouille, elle laissa tomber son peloton de laine qui se mit à rouler et s'arrêta à l'endroit où fut érigée l'église.
La nef fut restaurée en 1505, puis détruite par l'invasion suédoise lors de la guerre de 30 ans. Une histoire raconte qu'un jour, les habitants excédés par les exactions commises par ces envahisseurs, s'emparèrent du chef suédois et le pendirent. En représailles, le village fut mis à feu et à sang. L'église fut dévastée, la tour incendiée se transforma, changée en forteresse. À la fin du XVIIIème siècle, l'église tombe en ruine, les paroissiens ont interdiction d'y venir prêcher le culte.
C'est le curé Jean Claude Hennezel qui s'attellera à sa rénovation, les murs seront abattus, les colonnes reconstruites sur les fondations de l'ancienne église. 1950 ans plus tard, le 18 juin 1940, le bâtiment est entièrement détruit suite à l'invasion allemande lors de la seconde guerre mondiale. Seule la tour, quelques vitraux et la statue du XUème siècle de Ste Walburge ont été sauvés. La restauration de l'église fut achevée le 15 novembre 1953, où Marie, Bernadette et Jeanne, les trois nouvelles cloches, carilonnèrent à toute volée. La plupart des vitraux ont été réalisés par un maître verrier de Chartres, les paroissiens de la commune financèrent les travaux. L'église de Xertigny est un monument historique, qui a connu, tout au long de son existence, nombre d'agressions, de conflits matériels et immatériels, mais aussi la sagesse, la persévérance et la générosité. La tour actuelle est, en partie, de style roman, dont les murs épais atteignent 1 mètre à la hauteur des cloches. Son portail extérieur romain pourrait remonter à 1118, la date est inscrite en relief et en caractères gothiques sur une pierre du portail intérieur.
Le viaduc de Granges
Le voyageur qui arrive d’EPINAL et se dirige vers XERTIGNY, aperçoit tout en roulant à bonne allure sur une route récemment rénovée, le superbe viaduc de Granges. Si les Œuvres d’Art de ce genre sont assez nombreuses dans le Massif Central, elles sont plus rares dans l’Est et surtout dans les Vosges. Pourquoi un tel ouvrage ?
Il faut remonter vers 1830 pour concevoir la première idée d’une ligne de chemin de fer. Comme son nom l’indique, des poutrelles de fer posées sur le sol permettaient, dans les mines d’Angleterre, aux chariots de se déplacer facilement, les chevaux traînaient les voiturettes chargées de minerais, jusqu’au jour où la première machine à vapeur va faire son apparition sous forme de locomotive. Avec la Rocket de Georges STEPHENSON, la traction mécanique va remplacer la traction animale. Et en Angleterre, les 58 km séparant LIVERPOOOL de MANCHESTER constituent la première ligne de chemin de fer. Les Anglais vont se lancer rapidement dans la construction de plusieurs voies. La France est beaucoup plus réservée et bien qu’en 1932, les premiers voyageurs peuvent emprunter un train peu confortable entre ST-ETIENNE et LYON. Une certaine hostilité à l’égard de ce nouveau moyen de transport faisait dire beaucoup de sottises. Certaines villes ou certains villages refusaient parfois le passage de voie ferrée.
Mais ce qu’il faut aussi savoir, c’est que la locomotive, malgré sa puissance qui va vite croître, ne peut tirer une charge importante, même sur rail, qu’à condition que la pente soit faible. Lorsque la Compagnie de l’Est décida de rejoindre NANCY à BELFORT en traversant le sud des Vosges, il n’était pas question de dévaler les pentes de Buzegney pour remonter XERTIGNY ; Il fallait suivre un niveau et c’est ainsi que fut décidé la construction du viaduc. Première pierre posée en 1861. Longueur 108 mètres, dominant la vallée du Cône d’une hauteur de 38 mètres, avec 9 arches en pierre de taille. Il coûte cher, mais 1861 est une époque où la France est riche grâce aux Industries qui se développent partout et au Commerce.
Le Viaduc va vite acquérir une grande importance. Point stratégique pour un trafic Nord-Sud, il serait détruit (pilier du milieu) par les Français pour retarder l’avance des Prussiens en 1870. Mais les Allemands le remettent en état et il va fonctionner provisoirement jusqu’en 1874.
Les gens de Granges stupéfaits reconnurent parmi les troupes occupant la région des Uhlans qui avaient logé chez eux pendant les travaux de construction de l’ouvrage. BISMARK savait déjà utiliser ce que l’on appellera en 1940 la cinquième colonne.
La guerre de 1914-1918 ne va pas modifier le trafic, car la Lorraine bien défendue ne sera pas entièrement envahie. Bien sûr, il est gardé par des territoriaux soldats âgés, mais il sort très bien de la tourmente.
En 1940, l’arrivée des Allemands fut si rapide que le Viaduc ne fut pas menacé. Il n’en fut pas de même en 1944 alors que l’Armée du Führer avait craqué sur tous les fronts. La France était délivrée par les Alliés et les FFI locaux firent tout ce qu’ils purent pour garder ce précieux moyen de communication en bon état.
Les Allemands avaient décidé de le faire sauter, avaient creusé des trous de mine dans les piliers, mais la FFI les obstruèrent avec de la ferraille et du ciment. Les Allemands étaient furieux, mais ils ne pouvaient se venger ; Ils commencèrent l’opération en entourant deux piliers de cartouches de dynamite. Le 15 Septembre 1944 à 19H10, les arches du centre et les piliers du tablier s’effondrèrent, la voie ferrée s’écroula sur 40 m. de longueur.
Dès son arrivée, le Génie Américain construisit des arches provisoires en poutrelles de fer et les trains purent passer sur une seule voie en ralentissant jusqu’à 4 km/heure, ce qui permettait aux jeunes voulant descendre du train ou monter en marche de le faire. Les trains de voyageurs s’arrêtaient peu à XERTIGNY. Après la guerre, l’Entreprise DUNROZ de PARIS refit la maçonnerie des deux piliers et des arches et la circulation fut rétablie le 21 Janvier 1948.
Depuis le Viaduc coulait de jours heureux, surplombant majestueusement la vallée du Cône, mais un évènement tragique va survenir en Mai 1982. Des équipes restauraient la ligne de chemin de fer remettant traverses et rails. Le 27 Mai, deux convois qui avaient effectué de travaux d’entretien, roulaient sur la même voie, se heurtaient, projetant sous l’effet du choc un bulldozer placé sur un wagon à plateau, sur la voie opposée. Au même instant arrivait un train de marchandises tracté par deux puissantes locomotives. Le choc était inévitable.
La première locomotive dérailla et chuta le long du talus 35 m. en contrebas. La seconde restait en équilibre au dessus du vide à 38 mètres de hauteur. Il faudra beaucoup d’adresse et de sang-froid pour la ramener sur les rails avec une puissante grue de 80 tonnes. Malheureusement, ce drame a fait deux morts : PARISOT Louis, Employé SNCF et Omar BIKIMA, Algérien travaillant sur la voie. On déplore sept blessés, dont cinq gravement atteints.
Le Viaduc est-il au bout de son histoire ? Verra-t-il encore longtemps passer les trains de voyageurs et de marchandises ? Nous l’espérons. Bien sûr, les premières locomotives ont roulé à 20 à l’heure, maintenant le TGV vient de franchir les 515 km. Les hommes ne s’arrêtent pas, tout à une évolution et une fin. Mais souhaitons-nous la fin du monde ?
Ce texte a été écrit par Marcel PIERRE (1920-2003), pour le bulletin municipal n° 49 de juin 1990. "Suite au départ de son beau-père, Clovis MELOT, Marcel PIERRE est élu adjoint spéciale de la section de Rasey en 1959. Originaire de Bains-les-Bains, il est également instituteur de 1944 à 1975. A la suite du menuisier André GURY, il reprend la direction de la musique la Vôge en sommeil depuis quelques années" Extrait de : la vie municipale aux XIXe et XXe siècles - Hommes et évènements - Bertrand MUNIER - 1998